Depuis quelques années, Yamaha fait rouler dans les sentiers le Wolverine X2 850 qui profite d’un grand engouement des quadistes. Or l’an passé, les ingénieurs de Yamaha ont eu la lumineuse idée de glisser le moteur de 1000 cm3 du Wolverine RMAX dans le châssis du petit Wolverine.
Nous avons donc pu essayer, grâce à la gentillesse de M. François Morneau et de Yamaha Motors Canada, le Wolverine X2 1000 SE dans le cadre d’un voyage de sept jours autour de la Gaspésie, avec deux passagers et leurs bagages. Ce périple de près de 1400 kilomètres mettra en lumière les forces et faiblesses de ce véhicule
Carrosserie et finition
Le Wolverine X2 muni du moteur de 1000 cm3 n’est offert qu’en version à deux passagers dans les niveaux de finition R-SPEC plus dénudée et SE munie des équipements essentiels. Si vous voulez une version à quatre passagers, vous devrez accepter le moteur de 850 ou acquérir le gros RMAX.
Déjà présent sur le marché depuis neuf ans, l’apparence du véhicule n’a pas pris une ride grâce au dessin consensuel de la carrosserie. Le capot nervuré qui plonge vers les phares aux DEL et accentue leur regard froncé menaçant fait peut-être référence au nom Wolverine, mais produit un bel effet volontaire.
Soulignant davantage l’aspect baroudeur du véhicule, l’avant est aussi muni par un pare-chocs dans lequel se trouve un treuil électrique. En examinant de près l’assemblage de carrosserie et des éléments mécaniques, on constate que Yamaha n’a pas lésiné sur la qualité des composantes ni de leur mise en œuvre. En soulevant le capot à l’avant, on observe que toutes les composantes nécessitant un entretien y ont été regroupées : batterie, panneau de fusible, filtre à air, bouchon de remplissage du radiateur, petits outils d’urgence. C’est du beau travail.
Prendre place derrière le volant est facile, même pour un gaillard de 1,90 mètre. L’assise plutôt élevée et droite laisse beaucoup de place pour les jambes, surtout que le siège du conducteur est muni d’un ajustement d’avant en arrière de 3,9 pouces. De même, la colonne de direction est munie d’un levier qui permet d’ajuster sa hauteur sur une bonne amplitude. Les baquets se révèlent confortables même après plusieurs heures de randonnée.
Une fois installé, le conducteur se retrouve derrière un tableau de bord plutôt austère mais pleinement fonctionnel. À la gauche du volant, on retrouve deux gros commutateurs ronds : le premier qui contrôle le système de traction du véhicule (2WD, 4WD, Verrouillage de différentiel) et le second qui contrôle les phares (Off, Low beam, Hi beam). À la droite on retrouve le bouton du treuil et le cadran indicateur.
Bien que menu, ce dernier donne au conducteur toutes les informations dont il a besoin : témoin lumineux de rappel de ceinture sécurité et de port du casque, vitesse (information principale), niveau de carburant, odomètre avec deux totalisateurs journaliers, mode de traction et rapport de transmission engagés, et en sous-menu avec bouton sélecteur : niveau voltage, révolution moteur, température du moteur. Il y a également une prise 12 volts pour brancher des accessoires.
Les deux sièges sont séparés par une large console sur laquelle logent le levier de frein de stationnement et le levier de sélecteur de vitesse. Elle contient également deux porte-bouteilles efficaces qui ont retenu nos bouteilles d’eau toute la semaine et un espace de rangement qui ne permettra que d’y ranger quelques menus et minces objets. Le couvercle de cet espace de rangement forme un appuie-bras qui est juste à la bonne hauteur et est pleinement utilisable. Enfin, un coffre à gants étanche devant le passager complète le rangement à l’avant.
En continuant le tour du véhicule, on constate avec satisfaction qu’il est muni d’usine de portes rigides complètes qui protègeront efficacement les jambes des passagers des éclaboussures des roues. Il est également muni d’usine d’un toit rigide en plastique. Enfin on s’attarde à la benne qui est équipée d’un panneau à l’arrière et de feux rouges de type à DEL. Cette benne de dimension moyenne peut basculer et, détail intéressant, est munie de trous d’ancrage filetés pour accessoires dans le plancher. Nous nous en sommes servis pour arrimer notre coffre temporaire.
Les équipements optionnels rajoutés au véhicule se limitaient aux rétroviseurs central et latéraux ainsi qu’au pare-brise en polycarbonate rabattable. Ces équipements sont d’excellente facture, mais les rétroviseurs latéraux sont placés très bas sur les poteaux de la cage de sécurité. Ils sont rapidement rendus inutilisables parce que les projections de boue des roues les salissent.
Moteur, transmission et suspension.
Comme nous le disions plus haut, e Wolverine peut abriter le moteur de 1000 cm3 à deux cylindres de son grand frère RMAX dans la configuration biplace seulement. Ce moteur change radicalement le caractère du Wolverine X2. Le moteur 850 cm3 a un caractère plus rangé et est silencieux dans son fonctionnement, tandis que le gros moteur est plus bruyant, mais il déplace le véhicule de façon beaucoup plus volontaire. Ce moteur adopte une configuration en ligne compacte à injection électronique, qui respire via quatre soupapes par cylindre et produit 108 chevaux qui le place comme étant le leader de sa catégorie. En effet, c’est huit chevaux de plus que les Polaris General ou Can-Am Commander 1000, et 39 HP de plus que le Wolverine X2 850!
Le Wolverine est équipé avec la transmission Ultramatic de type CVT qui est une des meilleures, sinon la meilleure transmission à variation continue sur le marché. Elle démontre une fiabilité exemplaire depuis plus de 30 ans et Yamaha la garantit pendant 10 ans. Il s’agit d’une transmission dont la courroie est à prise constante qui ne donne pas de secousse lors de son utilisation. La transmission possède une gamme haute et basse que l’on sélectionne à partir du levier de vitesse. La traction à quatre roues motrices peut se sélectionner en roulant via la molette de sélection au tableau de bord. Ladite molette permet aussi de verrouiller le différentiel avant. Avec le Wolverine X2 1000, la sélection du mode de conduite (Crawl, Trail, Sport) n’est pas offerte d’emblée et le seul mode disponible est Trail. Cependant, moyennant quelques centaines de dollars, vous pouvez faire installer un sélecteur de mode de conduite en concession.
Les solutions techniques mises en place pour les suspensions ne sont pas en reste. À l’avant et à l’arrière, nous retrouvons une suspension à double triangulation avec barre antiroulis et amortisseurs ZF ajustables au gaz. Les suspensions ont un débattement de 8,7 pouces à l’avant et de 9,3 pouces à l’arrière. La garde au sol du véhicule est de 12,5 pouces, ce qui est très bien. Enfin, les pneumatiques sont de taille assez modeste mais costauds. Ce sont des GBC Dirt Tamer de 27 pouces sur une jante en aluminium de 12 pouces de diamètre.
Comportement en sentier
Tel que mentionné auparavant, prendre place dans le Wolverine X2 ne pose aucun problème. Une fois les ceintures bouclées, on tourne la clef pour lancer le moteur et on constate que celui-ci s’exécute dans la plus grande civilité. Bien que plus bruyant que le 850, on note l’absence de vibrations transmises au véhicule. Les efforts de Yamaha pour contrôler le « NHR » (noise, hardness vibrations) au niveau de l’échappement et des supports de moteur en caoutchouc portent fruit. En engageant le rapport de la transmission, on apprécie aussi l’absence de délai de réponse qui contribue à la précision globale de fonctionnement du véhicule. En accélération soutenue, on apprécie tout d’abord la poussée du moteur qui démontre un très bon tonus qui tire fort jusqu’à sa vitesse maximale limitée électroniquement autour de 105 km/h. Peu importe que l’on roule sur le plat ou dans de longues pentes, la puissance est toujours délivrée façon optimale car la transmission travaille en symbiose avec le moteur. Sans être une machine tournée résolument vers la performance, le moteur 1000 cm3 propulse le véhicule d’une façon volontaire qui vous met le sourire au visage.
La suspension fait un travail de très bon niveau pour contrôler les mouvements de caisse. Nous avions des craintes à cause du débattement limité des suspensions, mais on s’en faisait pour rien. En effet, elle absorbe bien les cahots et crevasses du sentier à vitesse de croisière. Le niveau de confort est tel que le passager s’est permis des siestes en roulant à quelques reprises durant le voyage! En aucun temps durant les 140 kilomètres du voyage et malgré la cadence soutenue, la suspension n’est allée frapper en butée. Les flancs des pneus et les amortisseurs au gaz ZF font un excellent travail. Ces derniers contrôlent efficacement les rebonds et font disparaitre ceux que nous avions constaté sur un Wolverine 850 lors d’un essai antérieur.
En virage soutenu, le roulis est très bien maitrisé, ce qui est rassurant pour le conducteur qui enchaine une succession de virages. La direction est munie d’une servodirection qui est précise et donne tout de même un bon ressenti de ce qui se passe sous les roues. Elle permet de placer précisément le véhicule où on le désire sur le sentier.
Le bon fonctionnement en symbiose des composantes mécaniques en fait un véhicule très sain qui pardonne beaucoup au conducteur. Le Wolverine X2 1000 SE offre aux occupants une expérience de randonnée décontractée et démontre une belle aisance sans ses déplacements. De surcroit, étant plus compact que le gros RMAX ou le Polaris General, il se faufile plus facilement dans les sentiers serrés ou les passerelles étroites.
Nous aimons beaucoup :
- L’équilibre général du véhicule qui en fait une machine compétente dans toutes les situations
- Le confort pour les occupants dans la cabine
- La qualité générale de fabrication
Nous aimons moins
- Les rétroviseurs latéraux placés trop bas qui se salissent très rapidement par les projections des roues avant
En conclusion :
L’essai du Yamaha Wolverine X2 1000 SE sur un grand voyage de sept jours et de 1400 kilomètres a été une agréable expérience qui nous a permis d’apprécier le haut niveau de quiétude et le raffinement général lors de la conduite de ce véhicule. Celui-ci offre un bon amalgame de performances qui satisfera la très grande majorité des usagers de VCC : puissance plus qu’adéquate quand on la sollicite, confort de très bon niveau et tenue de route sure en plus d’un espace dégagé à l’intérieur. Avec le Wolvie, Yamaha offre un véhicule très compétent qui n’a pas été développé pour suivre le train de la recherche de puissance, mais plutôt pour offrir la polyvalence d’un couteau suisse dans un environnement aussi paisible que possible.
Nous voulons remercier Yamaha Motors Canada pour avoir permis l’essai du véhicule.