Le quad, le Covid-19 et Darwin

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Les choses vont très vite depuis le premier jour où le premier ministre Legault s’est présenté devant le Québec avec la ministre de la Santé  et le désormais célèbre Dr Arruda. En quelques jours, les roues économiques et sociales de la province se sont arrêtées, mettant ainsi nos vies sur le mode « pause ». Évidemment, lorsqu’on dispose de temps, le hamster qui tente de suivre le rythme effréné de la vie normale s’arrête et l’on peut prendre le temps de réfléchir sur l’organisation de nos vies, un peu comme un grand malade qui recentre ses priorités de vie pendant une grave maladie. Première évidence : il est certain qu’il y aura un avant et un après Covid-19, profondément gravé dans la mémoire collective des Québécois.

Dans la foulée du confinement, on a pu constater avec quelle vitesse impressionnante le télétravail s’est répandu, mettant à l’épreuve les réseaux de distributeurs internet. Cela semblait problématique pour les entreprises de permettre le travail à la maison, mais il semble que lorsqu’il y a une urgente nécessité pour la continuité des affaires, les difficultés s’aplanissent. Cette marée de bits dans les fibres optiques du réseau québécois a mis en lumière les faiblesses de couverture. Moult utilisateurs ont pesté contre l’archaïque fil de cuivre qui passe dans les poteaux du rang. Il est devenu évident qu’internet est aussi essentiel que l’électricité. Les fournisseurs d’internet se comportent avec les consommateurs de manière aussi condescendante que les compagnies d’électricité dans les années 1960. Le gouvernement Lesage les avait nationalisées pour faire naitre Hydro-Québec. Elles n’ont pu s’adapter au changement des besoins du marché et sont disparues. Le Covid-19 là-dedans est un simple catalyseur qui a accéléré une prise de conscience du réseau de tiers-monde dont les régions doivent se contenter.

Maintenant, venons-en à ce qui nous intéresse, l’avenir du quad. Dans un premier temps, on constate que beaucoup voient le changement dans une vue de court terme et s’inquiètent pour la vente des droits d’accès de club fédérés et de quelle manière ladite vente va être gérée par la FQCQ. Tout d’abord, le prix et la période de prévente sont décidés par les clubs et la FQCQ ne peut et ne veut pas s’ingérer dans cette question. Certains disent sur internet que le prix devrait être réduit pour aider les quadistes à absorber cette forte dépense qu’est le prix du droit d’accès. Quand on sait que 30% des clubs quads affiliés ont moins de 4 ans d’âge, on peut se poser la question sur le réel niveau de pauvreté des propriétaires de quad. Est-ce qu’un montant de $200 est réellement une impasse pour eux? Le cas échéant, quand bien même que les clubs se concerteraient provincialement pour décréter une baisse de $50, ils ne feraient que se tirer dans le pied.

Le quad, le Covid-19 et Darwin
Le quad, le Covid-19 et Darwin

Aussi, quelqu’un a suggéré que l’on rembourse les membres des clubs quad au prorata du temps de fermeture des sentiers à cause de la COVID-19, histoire d’en avoir pour leur argent. Dans un premier temps, cette suggestion m’a laissé pantois, mais après réflexion, j’ai réalisé que le concept client est ancré plus profondément que l’on croit dans l’esprit de plusieurs. Le modèle de fonctionnement qui a régi jusqu’ici le réseau de sentiers quad au Québec est celui des clubs. Par définition, un club c’est une association groupant des membres ayant des activités collectives, des intérêts communs, qui décident de mettre en commun des moyens afin d’exercer une activité. Par moyens, on pourrait croire qu’on parle d’une contribution financière et d’implication bénévole pour travailler dans les activités du club. Cependant, on savait que l’attitude de l’utilisateur client est de plus en plus fortement ancrée parmi les quadistes et ceux-ci sont de plus en plus intransigeants pour recevoir le niveau de service auquel ils pensent avoir droit. Probablement que les réformes sur le financement des clubs devraient tenir compte de cette réalité qui s’amplifie et s’ajuster leur mode d’opération et tarifaire pour refléter cette réalité.

Par contre, quand on s’attarde à penser ce que sera le quad au Québec à long terme, les possibilités de changement de comportement sont beaucoup plus vastes. Le confinement est un sevrage de socialisation sans précédent dans l’histoire du Québec qui incite fortement les gens à demeurer dans un espace restreint. C’est un moment difficile pour le quadiste qui apprécie voir les paysages sauvages du pays dérouler devant lui, mais somme toute temporaire. Il ne fait doute pour personne que les quads rouleront à nouveau dans les contrées champêtres. Par contre, on ne vit pas un traumatisme universel tel que le grand confinement sans qu’il n’en reste de traces dans l’esprit collectif d’une communauté. La distanciation sociale est maintenue par un rappel constant des autorités, des employés de services publics essentiels et même parfois de façon plus douloureuse par la coercition. Lorsque la circulation entre les villes et régions sera rouverte, disons en début d’été, la consigne de distanciation sociale restera d’actualité. Certains spécialistes avancent même que cette directive pourrait être en vigueur jusqu’en 2022! Bref, on se déplace, on travaille en collectivité, on socialise au bord d’un sentier, mais toujours à une distance de 2 mètres. 

Le quad, le Covid-19 et Darwin

Dans ces conditions, qu’adviendra-t-il de l’utilisation des relais des clubs en hiver? À deux mètres de distance entre les personnes, il ne sera pas long de remplir le relais. On peut se poser la même question pour les soupers-bénéfices que tiennent les clubs pour soulever des fonds, mais aussi pour rassembler ses membres au même endroit pour, justement, socialiser. Les petites randonnées du président ou les randonnées au clair de lune seront plus compliquées à tenir, notamment, car il sera très difficile d’offrir un endroit pour permettre aux participants de se réchauffer en même temps. Alors la solution serait-elle de morceler les randonnées en plusieurs sous-groupes ou même de limiter le nombre de participants? Peut-être. La formule devra être repensée. 

Les grands rassemblements tels que les Jamboree et le Festival Quad Matapédien risqueront peut-être d’être aussi compromis pour quelques années. Même lorsque les directives de distanciation seront levées, serons-nous aussi à l’aise d’évoluer dans de grands groupes à proximité d’inconnus? La réticence, l’agoraphobie conditionnée par le pilonnage du message de la distanciation sociale de 2  mètres, le changement de comportement, la réalité de contenance sociétale altérée en groupes importants d’individus seront-ils la nouvelle réalité de la conduite en groupe des quadistes dans le futur? Si cela s’avère, les clubs verraient là un changement majeur qui mettrait en péril le côté amical et même fraternel d’une communauté qui partage ensemble un mode de vie. La découverte des grands espaces, oui! Mais seulement en famille et avec des amis proches. L’ouverture des gens à la collectivité quad, qui est le moteur du désir de s’impliquer dans la famille Québéquad, se trouvera probablement restreinte. Du coup, les clubs auront encore là la nécessité de trouver un palliatif au travail fait par les bénévoles.

Quand on s’attarde un peu à analyser la conjecture que vivent les clubs, on sait que cette situation de la migration des membres vers les clients n’est pas venue avec le virus. Elle était déjà présente auparavant et d’ailleurs, la FQCQ sonde et consulte les clubs à ce sujet pour trouver de nouvelles façons de faire. Le Covid-19 est un catalyseur qui  met en exergue les problèmes de fonctionnement qui affligeront les clubs. Tout cela rend plus criante d’actualité la ronde de consultation de la FQCQ sur les changements qu’il faudra réaliser pour assurer la survie de l’activité fédérée. Ce n’est pas parce qu’on est les plus gros au monde qu’on est certain de survivre, car comme l’a dit Darwin : « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements. »

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