Bien que les véhicules tout-terrain (VTT/quads) soient extrêmement populaires au Québec, le grand public et certains professionnels de la santé les perçoivent encore souvent comme des loisirs sédentaires en raison de leur nature motorisée. Pourtant, les bénéfices de cette discipline sont bien réels, et la science a fini par le démontrer. Une étude majeure intitulée « Exigences physiologiques de la conduite de véhicules hors route », réalisée par l’Université de York en 2010, a permis de quantifier les sollicitations métaboliques et le renforcement musculaire de cette pratique afin de déterminer sa contribution réelle au maintien de la forme.

Une méthodologie rigoureuse

Pour mener à bien cette recherche, les scientifiques de Toronto ont mobilisé 128 conducteurs réguliers (56 adeptes du quad et 72 de la moto hors route), car l’étude englobait les deux types de véhicules hors route. L’enquête s’est articulée autour de deux axes :

• Évaluations en laboratoire: mesures de la condition physique de base, de la capacité de préhension (poigne) ainsi que de la puissance musculaire des membres supérieurs et inférieurs.
• Évaluations sur le terrain: les participants ont effectué une randonnée type d’environ 45 minutes en sentier. Des analyseurs d’oxygène portables ont mesuré la consommation d’oxygène en temps réel, tandis que des moniteurs surveillaient la fréquence cardiaque.

Un effort modéré à vigoureux

Les résultats révèlent que la conduite hors route est loin d’être passive. L’intensité cardiovasculaire moyenne enregistrée pour le quad s’élève à 12,1 ml/kg/min. Selon les standards de santé publique, ces données métaboliques classent le quad parmi les activités d’intensité modérée. L’effort circulatoire déployé est ainsi comparable à celui d’une marche rapide (environ 5-6 km/h) ou du cyclisme de loisir.

Une sollicitation musculaire notable

L’un des points saillants de l’étude concerne la fatigue physique. Après seulement 45 minutes de conduite, les chercheurs ont observé une diminution significative de la force dans les mains et au niveau des jambes.

Contrairement à la conduite d’une automobile, le pilote de VTT doit constamment ajuster son corps, se lever, contrebalancer l’engin et absorber les chocs. Cela nécessite une contraction isométrique et dynamique permanente des muscles du tronc, des bras et des jambes. L’utilisation de la gâchette d’accélérateur avec le pouce sollicite fortement la main et l’avant-bras, tout comme l’usage fréquent des leviers de freins sur les terrains techniques.

Un sport complet et reconnu

Les conclusions de ces travaux permettent d’inclure la randonnée en quad dans les recommandations des « Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures pour les adultes ». L’étude souligne également que les conducteurs fréquents possèdent une endurance du tronc et une vigueur musculaire supérieures à la moyenne de la population sédentaire, confirmant un effet d’entraînement à long terme.

Bien que propulsée par un moteur, cette pratique stimule suffisamment le système cardiovasculaire pour favoriser la dépense calorique, facilitant ainsi la gestion du poids et la prévention des maladies métaboliques.

Des vertus essentielles pour l’équilibre mental

Au-delà de l’exercice physique, le quad constitue un véritable soutien à la santé psychologique. Comme le souligne l’INSPQ, les activités de loisir pratiquées en groupe possèdent un fort potentiel pour accroître le bien-être et réduire les symptômes liés aux troubles mentaux.

En sillonnant les sentiers, l’usager s’expose à la lumière naturelle, facteur clé qui, selon les travaux de Pinchasov et al. (2000), exerce une action positive contre les états dépressifs. Sur le plan physiologique, l’immersion dans la nature entraîne une réduction marquée du cortisol, l’hormone du stress. Ce bienfait s’ajoute à la libération d’endorphines et de dopamine déclenchée par l’effort de pilotage.

Sécurité et préparation

En résumé, cette recherche universitaire prouve que le quad est un sport complet qui sollicite le cœur et les muscles de manière réelle. Toutefois, les chercheurs recommandent une pratique sécuritaire. En effet, la fatigue musculaire observée en fin de parcours peut augmenter les risques de perte de contrôle. Une préparation physique axée sur le renforcement des jambes et du haut du corps est donc conseillée pour améliorer à la fois le plaisir et la sécurité en randonnée.

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Sources :

• Pinchasov, B. B., et al. (2000). Mood and energy regulation in seasonal and non-seasonal depression
• Étude Burr et al. (2010) sur les demandes physiologiques du tout-terrain
• Directives canadiennes en matière de mouvement
• Institut national de santé publique du Québec (INSPQ): Activité physique et santé mentale 
• Interagir avec la nature est bon pour la santé mentale (dr Bergman)